Charles Dubouix & Anton Sviridkin Dernière mise à jour 25/01/2024
Émissions évitées
- Les émissions évitées offrent une perspective plus claire et positive pour suivre les progrès environnementaux.
- Elles sont des outils clés dans la planification stratégique, en combinaison avec l'analyse du coût d'abattement pour aider les entreprises de fret à définir et atteindre efficacement leurs objectifs d'émission.
- Bien qu'efficaces, les émissions évitées doivent reposer sur un cadre méthodologique rigoureux pour se prémunir de dérives de greenwashing.
Qu'est-ce que les émissions évitées ?
Les émissions évitées sont le volume de gaz à effet de serre que nous ne rejetons pas dans l'atmosphère, grâce à des pratiques plus efficaces ou plus durables.
Les émissions évitées montrent la différence entre ce qui aurait pu être et ce qui est, en termes d'empreinte environnementale.
Comme les émissions, les émissions évitées sont quantifiées en grammes, kilogrammes ou tonnes de CO2e évitées.
Pourquoi avons-nous besoin des émissions évitées ?
Conformément aux méthodologies actuelles du Bilan Carbone les entreprises mesurent leur impact environnemental en tonnes de CO2e émises, comparant ces chiffres année après année pour démontrer leur progrès en matière de durabilité. Cependant, cette approche a ses limites. Se concentrer exclusivement sur les émissions de CO2 peut fournir une image incomplète. Par exemple, le volume d’émission peut croitre en raison de l’augmentation de l’activité, induisant plus de transports, sans que cela n’implique intrinsèquement un recul des performances de durabilité.
Les émissions évitées induisent un changement de perception : plutôt que combattre une mal et réduire les émissions on cherche à activement accroitre ses bonnes actions pour l'environnement. Le suivi des émissions évitées est consiste alors à mesurer les progrès vers un avenir plus souhaitable et plus durable.
De plus, les émissions évitées, associées aux coûts d'abattement, permettent de calculer le cout de leur politique de décarbonation et d’arbitrer entre les leviers.
Exemple
Considérons un chargeur qui transporte un conteneur TEU (conteneur 20 pieds) de l'Asie à la France. En utilisant des carburants conventionnels, ce voyage émet environ 1,2 tonne de CO2e par conteneur. C'est notre scénario de base.
En passant aux biocarburants, l'entreprise peut réduire ces émissions de 84 %. Ainsi, pour le même voyage, les émissions tombent à seulement 0,192 tonne de CO2e par conteneur.
Si l'entreprise expédie un conteneur chaque semaine pendant un an, dans le scénario de référence, elle émettrait 62 tonnes de CO2e. Avec le biocarburant, cela tombe à environ 10 tonnes de CO2e. Les émissions évitées annuelles s'élèvent ici à 52 tonnes de CO2e.
- Ne pas parcourir 239 000 km en voiture diesel
- Ne pas manger 7 163 repas de bœuf
Méthodologie
Les émissions évitées peuvent varier considérablement en fonction de la méthodologie (scénario de référence). C'est pourquoi il est essentiel d'employer une cadre méthodologique précis et rigoureux pour calculer les émissions évitées.
Comment communiquer sur les émissions évitées
Afin d'utiliser correctement la métrique et d'éviter le greenwashing, l'initiative Net Zero dans son “Le Guide Pilier B” indique plusieurs lignes directrices à suivre :
Mauvaises Pratiques | Bonnes Pratiques |
“Nous avons évité 100 tCO2e cette année.” | “Nous avons évité 100 tCO2e cette année grâce à des produits représentant 17% de nos ventes.”
”Pour une tonne de CO2e émise dans notre chaîne de valeur, nos solutions évitent 2,3 tonnes de CO2e.” |
“Nous sommes neutres en carbone : nous évitons autant d'émissions que nous en émettons.” | “Notre Ratio d'Impact Carbone (CIR) est de 1 : nous évitons autant d'émissions que nous en émettons.” |
- soustraites de l'empreinte carbone de l'entreprise,
- utilisées pour revendiquer une "neutralité carbone" ou un "zéro net".