Charles Dubouix Dernière mise à jour 23/06/2023
La compensation et contribution carbone Compensation carbone ou contribution à la neutralité carbone planétaire ?
- La finance carbone joue un rôle essentiel dans la redirection des flux financiers vers des projets impactants.
- Cependant, le plus grand défi pour les entreprises est de réduire leurs émissions ainsi que celles de leur chaîne de valeur.
- Les crédits carbone peuvent être considérés comme une solution facile qui n’encourage pas les actions ambitieuses.
- Afin de stimuler ce flux financier sans surestimer ses avantages environnementaux, nous préférons utiliser le terme "contribution" plutôt que "compensation". Le terme ne véhicule plus l'idée (non scientifique) d'« annuler » les émissions grâce au financement de projets.
- Notre priorité collective devrait être la réduction des émissions.
Si les entreprises ne cherchent plus à atteindre un état de neutralité carbone immédiat, mais plutôt à transformer leurs activités et leurs industries pour se conformer à l'objectif planétaire de neutralité carbone, cela soulève la question du rôle de la compensation.
Comment la compensation s'intègre-t-elle dans cette nouvelle approche ?
La finance carbone a un rôle important à jouer dans la neutralité carbone mondiale
La finance carbone s'est révélée être un outil robuste et efficace pour stimuler les flux financiers vers des projets ayant un impact. C'est un dispositif clé pour combler à la fois :
- le "finance gap” (ou “déficit de financement"), qui fait référence au défaut d’investissements climatiques nécessaires pour atteindre nos objectifs mondiaux.
- Ce financement contribue au développement de "puits de carbone" à travers le monde, en particulier en finançant des projets de séquestration avec des crédits carbone.
- Il facilite également la réduction des émissions de carbone en encourageant l'innovation pour des sources d'énergie moins émettrices.
- le "fossé Nord-Sud", qui malheureusement désigne le fait que les personnes qui souffrent et souffriront de la crise climatique sont souvent celles qui émettent le moins...
Pourtant, les crédits carbone ne sont pas exactement équivalents à la même quantité de réduction de carbone
Tout d'abord : qu'est-ce qu'un crédit carbone ?
En général, 4 critères sont nécessaires pour certifier un crédit carbone :
- Additionnalité : le projet ne serait pas réalisé sans le financement de la vente de crédits carbone
- Mesurabilité : la quantité de CO2 évitée ou séquestrée peut être calculée à l'aide d'une méthodologie reconnue.
- Auditabilité : l'évitement ou la séquestration des émissions de gaz à effet de serre doivent être vérifiables ou comptabilisés.
- Permanence : l'évitement ou la séquestration doivent avoir lieu sur une certaine durée.
Pour autant, il y a trois différences fondamentales entre la réduction des émissions et les crédits carbone.
⚖️ Pas de même capacité de passage à l’échelle
Les émissions peuvent se poursuivre tant qu'il y a des réserves de combustibles fossiles.
Cependant, la disponibilité des puits de carbone naturels est limitée en raison de la disponibilité restreinte des terres, et les puits technologiques ne sont pas encore suffisamment matures.
⏰ Pas de même temporalité
Les émissions se produisent instantanément et le carbone s'accumule pendant des siècles dans l'atmosphère.
Alors qu'il faut des décennies pour qu'un arbre pousse et stocke du carbone.
🎲 Pas de même probabilité
Les émissions sont une certitude.
Tandis que les crédits carbone reposent sur une permanence espérée, mais qui est en danger. Par exemple, lorsqu'une forêt brûle, la totalité du carbone séquestrée pendant plusieurs dizaines, voire centaines d’années repart dans l’atmosphère.
Pourquoi préférons-nous le terme «contribution» plutôt que «compensation»?
Puisque l'étiquette «neutre en carbone» et le terme «compensation» peuvent créer de la confusion et sembler contre-productif, nous préférons utiliser un vocabulaire plus clair.
En effet, bien qu'il n'y a pas d'équivalence scientifique entre la réduction des émissions d'une entreprise et l'achat de crédits carbone.
Le terme «compensation» véhicule implicitement l'idée (non scientifique) d'annulation des émissions par le financement de projets.
Cette prétendue équivalence alimente un biais psychologique chez les acheteurs de crédits: la conviction que le défi climatique peut être résolu à peu de frais, les empêchant de prendre des mesures plus ambitieuses.
Le défi que nous devons relever est immense et urgent. Nous avons donc besoin d'une sémantique précise pour guider nos actions vertueuses!
Est-ce qu'Ovrsea fait cavalier seul avec cette approche?
Pas du tout!
Notre positionnement est principalement inspiré par l'Initiative Net Zéro, un cadre méthodologique développé par Carbone 4 qui encourage des stratégies climatiques ambitieuses pour les entreprises.
Il est important de noter que tous les cadres internationaux, tels que l'UNFCCC, l'initiative Science Based Targets, le Bilan Carbone, l'ISO 14064 et le Protocole GHG, n'autorisent pas les entreprises à soustraire un crédit carbone du même montant d'émissions rapporté dans leur rapport GHG.